Cher/chère adhérent(e)
Vous avez été nombreux à répondre au questionnaire (90 réponses enregistrées), ce qui montre tout l’intérêt que vous portez à cette question. Les réponses sont majoritairement favorables à défendre l’idée d’étudier l’intérêt d’installer une mini-centrale nucléaire en Nouvelle Calédonie.
Il s’agit en effet de vérifier avant toute décision que
– le projet pourra baisser significativement le coût de l’énergie pour tous (et pas seulement pour le secteur minier),
– le projet nous apporte toutes garanties de sûreté, ce qui passe sans doute par confier l’exploitation à un opérateur ayant déjà une expérience dans le nucléaire (tel qu’EdF) et à soumettre l’installation au contrôle de l’Autorité de Sûreté Nucléaire dans les mêmes conditions qu’en métropole,
– une solution soit apportée au traitement des déchets (usine de retraitement des déchets nucléaires de la Hague en France métropolitaine ?),
-la consistance exacte du projet soit clarifiée, car à ce jour on ne mesure pas bien en quoi consiste une mini-centrale nucléaire et certains font un amalgame avec celles qui existent actuellement,
– les retombées économiques pour le territoire soient bien évaluées, non seulement pour le secteur minier, mais également pour le développement économique et l’emploi local, sachant qu’au moins dans un premier temps le personnel de la centrale sera très probablement non calédonien. On peut à cet égard penser à créer un centre de formation du personnel qui pourra progressivement former du personnel à des emplois dans la centrale, voire créer un pôle de compétence pour la région Pacifique si le projet peut s’exporter vers d’autres territoires,
– le projet soit redondant pour fonctionner pendant les phases de maintenance d’un des réacteurs nucléaires, ce qui signifie qu’il produira bien plus d’énergie que nécessaire lorsque la centrale fonctionnera à pleine capacité. Il s’agit là d’une opportunité pour le territoire pour trouver des débouchés pour cette énergie : on peut penser à s’interconnecter avec un territoire voisin (Vanuatu ?) par ligne sous-marine, dessaler de l’eau de mer pour garantir notre ressource en eau douce, utiliser les eaux réchauffées de refroidissement pour l’aquaculture (par exemple assurer quatre récoltes par an de crevettes au lieu de deux comme dans des pays concurrents), etc… c’est aux calédoniens de faire preuve d’imagination.
Certains ont exprimé un avis négatif, soit par principe, soit par crainte en référence aux accidents nucléaires qui se sont déjà produits, soit parce que se pose le problème du retraitement des déchets, soit parce qu’il faut plutôt s’orienter vers les énergies renouvelables, soit parce qu’on ne mesure pas bien l’impact sur l’emploi local d’un procédé sur lequel la Nouvelle Calédonie n’a pas de compétence, soit enfin parce qu’il pourrait y avoir un risque d’attaque en cas de conflit.
La question de l’approvisionnement en uranium a également été soulevée et l’étude devra apporter une réponse adéquate afin de ne pas rendre la Nouvelle Calédonie dépendante des aléas géostratégiques.
Enfin on peut légitimement se poser la question du timing pour la réalisation d’un tel projet sachant qu’entre les études, les procédures administratives, la concertation et la réalisation il s’écoulera sans doute plus de 10 ans. Un tel projet ne serait donc envisageable qu’à l’horizon 2035. Mais ce serait probablement aussi le cas de tout nouveau projet de centrale électrique majeure alternative pour supprimer les centrales au charbon ou au fuel lourd existantes. C’est un point que l’étude devra aborder par comparaison à d’autres solutions.
Pour disposer d’une bonne information sur les principaux accidents nucléaires et industriels survenus dans le monde, on pourra utilement consulter les sites suivants :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d%27accidents_nucl%C3%A9aires
et pour les accidents industriels (car il faut aussi avoir des références sur d’autres risques) :
https://www.ineris.fr/fr/risques/est-risque/quelques-grands-accidents-depuis-xxe-siecle
On se rappellera par exemple des accidents de Bhopal en Inde, de Mexico, de Feysin en France, d’AZF à Toulouse, de Sévéso en Italie, qui ont fait bien plus de victimes que les accidents nucléaires répertoriés, à l’exception notable de celui de Tchernobyl qui résulte à la fois d’une erreur humaine et d’un défaut d’organisation (et sur une technologie qui n’est pas utilisée en France). Plus proche de nous Fukushima, qui n’a pas été à proprement parler un accident nucléaire mais la submersion d’un réacteur par un tsunami exceptionnel, n’a fait officiellement qu’un mort et deux personnes irradiées, alors que le tsunami a fait plus de 20000 morts.
Les mini-centrales ne rentrent probablement pas dans ce niveau de risque et l’étude devrait nous rassurer tous et en toute objectivité sur ce point. Le projet EdF (https://www.lesechos.fr/weekend/planete/edf-se-lance-dans-la-course-aux-mini-reacteurs-nucleaires-1915173) envisage une centrale de 340MW (soit l’équivalent du moteur nucléaire de propulsion du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle) à comparer à un seul groupe nucléaire qui dépasse les 1GW soit trois fois plus (les plus petites centrales ont au moins 4 groupes soit plus de 10 fois plus que ce dont on parle). L’occupation au sol envisagée par EdF serait comprise entre 5 et 10ha, bien loin des surfaces occupées par les centrales actuelles.
La Nouvelle Calédonie produit environ 3 000 GWh d’électricité ce qui requiert une puissance d’au moins 350MW pour couvrir les besoins (source DIMENC). La part des énergies renouvelables représente 30% de la production dont 18% d’origine hydroélectrique et 8% d’origine solaire. Les mini-centrales devraient ainsi produire de l’ordre de 250 à 300 MW. Nous sommes bien dans les ordres de grandeur des projets tels que ceux d’EdF et dans le bon timing.
Concernant les énergies renouvelables, le projet ne doit évidemment pas être mis en concurrence avec ce que l’on peut faire en Nouvelle Calédonie mais notre besoin est une énergie disponible en toutes circonstances et en quantité suffisante. Est-ce que les énergies renouvelables disponibles en Nouvelle Calédonie répondent à ces deux critères, car d’un point de vue environnemental, l’objectif est d’arrêter les centrales au charbon ou au fuel ?
Pour les autres sujets, des réponses existent, mais nous serons vigilants à les obtenir et nous remercions les personnes qui ont soulevé ces objections afin qu’elles puissent être traitées dans l’étude, si elle se réalise.
A tous, nous voudrions vous remercier de toute l’attention que vous avez apportée à notre consultation et sommes particulièrement fier d’avoir reçu autant de réponses et aussi riches sur un sujet particulièrement délicat.
Signé : Gilles VERNIER président et Philippe LASSAUCE, membre du bureau chargé de communication et rédacteur de la synthèse
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